dimanche 27 février 2011

51. Les routiers payent la dîme du Kirov à Krasnoïarsk


En trafiquant le gonflage des pneus de cinq tonnes, on dépasse le cap temporal des 90 km/h
Sur les routes goudronnées par les nids de poule et les dos-d’âne qui font des montagnes russes
Où passent les tracteurs de marque européenne ou américaine pour acheminer des blocs de neige
Jusque vers Moscou où les compétitions nécessitent une descente en rappel des glaciers de Sibérie


Les images érotiques côtoient les icônes de la vierge dans les mono-cabines des chauffeurs
Ignorant les champignons des bas-côtés en raison de la laideur et des gonorrhées putatives
Ils passent leur chemin du Tatarstan jusque vers Saint-Pétersbourg où l’on délivre des légumes
Parce que les semi-remorques sont pleines de fourrage après les incendies à l’été de Moscou


Le « syndicat de Chicago » appose une vignette ou un sticker sur les pare-brises des adhérents
Les routiers passant sans encombre les cercles criminels qui déchargent les cargaisons au lasso
Après une filature en Impreza pendant près de 1.000 kilomètres attendant le passage de l’Oural
Au-delà de la ligne imaginaire qui met en sécurité les buveurs de Vodka par quinze litres de pur


Dans les centres de pesée, les charges excédentaires prêtent l’obole d’un pot-de-vin aux officiels
La route est plus rapide que le fret sur rails qui ne vectorise que les matières premières de cobalt
Entre des barrières de toundra qui séparent des États quasi autonomes reliés par une CB à 27 Mhz
Les riverains étalant du goudron par-dessus le permafrost qui ne dégèle jamais sous les pneus neiges


Le pays est séparé en mille par une souveraineté réelle des régions autonomes de l’État fédéral
L’entraide disparaissant entre les absorbeurs d’asphalte qui véhiculent là une solitude publique
Heureux que les officiels de l’ancienne Leningrad rendent la monnaie sur les pourboires forcés
Avant de repartir à vide dans leurs chaumières vétustes après une division par deux de leur espoir

samedi 26 février 2011

50. Sécession sans solution au Sud-Soudan

Situé à quelques encablures de l’Ouganda où le Nil finit à plusieurs branches
Juba devient la plus jeune capitale des États africains reliés par fibres optiques
Branchant déjà des milliers de câbles électriques depuis un aéroport sur pylônes
Desservant des cités inexistantes au milieu d’un terrain de taudis où la poussière


Les corps ont laissé place à l’optimisme de quelques âmes aux allures de paille
Molécularisation d’un espace de vie accueillante des appareils de réanimation
Les hangars se multipliant dans les espaces vides où confluent les tourismes
Peut-être que les voies goudronnées en construction trouveront leurs Jeeps


Une horloge digitale règle l’heure qui anime l’ouverture des containers entassés
Dans un préau sous vide qui lyophilise les âmes damnées à l’exode sans terre
L’absolution griffonnant une ardoise lors d’un déclic sur un lit de mort tout sourire
Figeant une expression tirant un trait d’union entre les vivants de l’autre Paradis


Le référendum du « oui » voit défiler les nouveaux expatriés d’un pays morcelé
Libérant un sud chrétien initiant les chœurs en faveur du Kurdistan partie prenante
Quelques autobus débarquant les parias du nord qu’on a balayés de Khartoum
Lors d’une purification enfermée dans des huttes en poutres de bois sur un cloché


On mastique le reste d’un habitat au torchis laissé à l’avenant des termites
Où vont s’entasser des familles semi-permanentes de quatre donc de huit
Au sort identique à celui d’un gouvernement provisoire dont les ministères
Sont placés sur le périmètre rectiligne d’une agora où circulent les prophéties


La sorcellerie et les croyances fétiches désignent des coupables sans victime
Que l’Unosat repère en pointant ses miroirs hyperboliques depuis l’exosphère
Tirant un infrarouge en cas de malentendu d’une fusillade de 500 hommes
Et la sonnette d’alarme actionnant un référé en état d’alerte lors de la sieste

vendredi 25 février 2011

49. Le silence désertique des oulémas


Aucun candidat islamiste ne vient multiplier le choix de l’offre présidentielle
Confinés à des rôles d’observateurs privilégiés qui regardent le sang couler
Par le fer des balles traçantes plutôt que sous le front des charges de Semtex
Un raz-de-marée révolutionnaire ayant submergé les réduits du Maghreb

Les coefficients de marée ont soufflé des vents de plus 150 km/h à Benghazi
Kadhafi perdant la face dans le nord du pays défendu lors d’une improvisation
Par la garde prétorienne de ses mercenaires payés par les émoluments du pétrole
Dont le baril a fait fuiter les prix sous les $100 en direction des $150 de l’été 2008

Les puits de pétrole trouent une terre sableuse entre les déserts de Libye et du Fezzan
Les derricks s’élevant plus haut que les miradors pour exercer une force de pression
Ouvrant les valves de la répression au moyen des bombes déployées en sous-cutané
Sous les ailes du sale boulot que des militaires interrogent en chiens de faïence

La chasse à l’homme s’est ouverte à Tripoli avec la projection de Running Man
Promettant $10.000 de prime wanted dead or alive à tous les manifestants abattus
Deathlok lancé à la poursuite des infidèles chargés des munitions d’une Ratenskrieg
Quand 30.000 Tchadiens, Nigériens et Serbes se regroupent près du palais présidentiel

Du Parabellum 9mm descend des tourelles contre les effluves Molotov du self-défense
Un Colonel obligé de s’en remettre à des commis inopérants et une flicaille sous contrôle
L’armée de la Jamahiriya laissant faire avec un attentisme aiguisant les échanges du feu
La Human Rights Solidarity comptant les morts et l’ONU attendant la barre des 10.000

Les quinze Rafales n’ont pas été vendus à une aéronavale dépendante de ses Migs et Sukhoïs
Dont les maintenances fuient par tous les trous des durites éclatées par les vents du désert
L’ami Berlusconi, ancien colonisateur, regardant à l’aveugle une partie se jouer sans l’Italie
Quand le Rubygate se transforme en Waterloo après renvoi de l’affaire devant les tribunaux

Pour la Saoudienne Wajiha Al-Howaidar, Kadhafi doit finir Hitler et non comme Saddam
Une balle dans le cœur de son bunker menant par effet domino à Manama chiite au Bahreïn
Rattaché à l’Arabie par une languette similaire au passage du Gois vers les champs pétroliers
La famille Khalifa contrainte de lâcher du leste depuis la montgolfière des droits civiques

Il fait entre 15° et 17°C sur les rivages méditerranéens, le temps favorable aux révoltes
Tous les observateurs anticipant début janvier une asepsie dans les couloirs de la Cyrénaïque
Les risques de contamination du bacille démocratique étant nul malgré les avis de tempête
Inoculant cet antigène dans les veines occidentales sous la forme d’un rappel de vaccin

jeudi 24 février 2011

48. Attentes et désamours des isthmes

Le mot synthétise le principe actif d’une doctrine renseignée dans un suffixe
Marqueur infaillible d’une préposition de la pensée fixée dans son point de vue
Oubliant le dénominateur commun de tout homme dont les vanités font parole  
Qu’efface le moment du Jugement Dernier lorsque survient l’hyper point de vue

Les catalogues excédentaires des éditeurs multiplient alors les numéros d’actualités
Défrayant la critique et la contre-critique d’après des visions héritées de l’opposition
Coups bas et coups de semonce affirmant une lutte de l’autre côté des étals marketing
Quand les sociologies universitaires recourent aux statistiques pour éventer le vrai

Des ouvrages à tendance néomarxiste prennent le relais quand s’assèchent les débats
Loués dans des revues critiques rangées sur les armoires rotatives des bibliothèques
Conservant leur munition dans le formol du zéro absolu où le même fait son retour
Dans l’ombre de l’enseignement supérieur tombé d’un perchoir barbouillé de papiers

La tentation de la transcendance se fume avec le narguilé des traductions d’ailleurs
Quand les plumes se parent d’une distance géographique qui étoffe la perspective
Depuis un prisme réfléchissant où les idées surviennent à l’ouïe des bons entendeurs
Après les adhésions & abjurations qui préludent aux souvenirs des apostats lettrés

Les narrations de l’insurrection se disputent aux idéalités législatives du maintien de l’ordre
C’est le décalage de l’écriture qui manifeste le même derrière les figures de style de l’indignation
La société du vulgaire se traduit par une littérature de l’abjection, de la nostalgie et de la peur
Au sein des âges qui s’engraissent en mourant à petit feux devant les décrépitudes du corps

Les mandarins aussi chercheurs en sciences sociales ont le ventre repus de larges bouchées
Girouettes directionnelles d’une pensée cadenassée par les fictions d’une rigueur scientifique
Et par les signatures notables qui tracent au carbone les articles d’un socialisme d’appoint
Les maîtres de conférences ont l’obligation d’étourdir leur propos déjà sur Hollywood Blvd

La division taylorienne du travail explore et enjambe les limbes cerclés de l’enfer académique
Où tous les gradés, lieutenants et généraux, participent à la même embuscade de la pensée
Tombée dans un piège à loup ou sur une mine antipersonnel qui vérolent un sacro-pluralisme
Quand la Vérité est prisonnière d’une dialectique de l’Un et du Multiple que nul n’anticipe

Les épistémologies de ceci et les méthodologies de cela se confondent dans une marmite
Enrobant les confettis de la recherche avec les alliages pluridisciplinaires de la cooptation
Quand les textes se citent et se sucrent en bas de page ferrés de typographies remarquables
Quelque chose de vain qui dépose une couche de sables mouvants sur les larves de l’ego

mercredi 23 février 2011

47. Usine d’extraction du poème

Le tarissement des nappes phréatiques concorde avec la retombée fileuse des pluies acides
Sur les barrages hydroélectriques du nord qui croulent sous les eaux chaloupées du Gange
Une mine de production exhale des relents de bauxite près de l’usine soufflée de Bhopal
Toutes les horreurs des villes nouvelles vidant poubelles et rancœurs sur un lit de rivière

Les effluents industriels ramènent des pesticides assaisonnés à la mortadelle et la mélisse
Parce que les déchets toxiques font l’objet d’une improvisation des citadelles de Jodhpur
Derrière la bataille rangée sous le cercle des labels ISO 14001 contre les matériaux polluants
Les utilisateurs laissant libre cours à la déforestation tropicale en version d’évaluation

La pieuvre des intérêts contraires oppose la chlorophylle des no-go zones aux désidératas miniers
Devant un manque à gagner de 600 millions de tonnes de charbon sortis des rêves d’antimoine
Sur un territoire où se côtoient sur la couture d’un même pagne les cheminées d’une centrale thermique
Et les dernières communautés tribales dans un coin de New Delhi rendue à ses mures d’aluminium

La gestion du chaos environnemental ne mâchouille que la queue capitalistique d’un radis OGM
Préférant les prélèvements d’une taxe carbone plutôt que les piégeages de composés carbonés
Dans des soutes magnétiques reniflant des paillettes de glucose sur les nuages boueux du ciel
La logique monétaire incompatible avec les nécessités pratiques des liquides de refroidissement

Le réel et le mystique s’affrontent sur une ligne de fracture que départage une fleur de lotus
Posée en suspension dans les mauvaises consciences des neurones aux simagrées de pacotilles
Le mystérieux gagnant devant la clarté du jour ses jalons pour épingler les parias hétérodoxes
Fils bâtards orduriers d’un ordre solaire où culmine la vérité dans son extase percluse d’arthrose