vendredi 27 avril 2012

249. Sorti des urnes


0,25%

La route de la conquête spatiale est longue pour quelque étourdi que nous sommes
Millénaristes et fantômes, aguicheurs hétérodoxes, entre l’homme de Vitruve et l’homme machine
Convertisseurs atomiques, penseurs du soufre et harponneurs alchimistes
Voyez ce score à votre gloire et pissez dans le violon de nos rêves

0,56%

La dialectique des facteurs de production propose une doctrine de classes
Face à l’érosion des classes politiques dont les marqueurs se sont enfouis
Bafoués par les allers-retours et les va-et-vient de l’instant unique
Une échelle horizontale ne suffisant plus à porter un marxisme en 3D

1,15%

Un réparateur de machines-outils chez Ford ouvrait sa gueule d’un grand sourire
Affûtée devant les rivets robotiques dont les mains humaines font des joints toriques
Une machine – à la différence d’un individu – n’a pas besoin de travail (Coluche)
Face au spectre d’une crise qui n’existe pas sauf dans nos discours teintés de macabre

1,79%

Un ange de plomb parlait d’une voix criante pour étourdir de vérités tortueuses
Le moment du souverainisme vu comme la solution prophylactique à la dette
Les coûts de transfert entre deux propriétaires permutant le capital national
Aux sphères privées dans les hauts de bilan qui aspirent le travail d’en bas

2,31%

Jamais les politiques du développement durable n’auront été si courtes
Jamais un vert de transfuge soumis à des montures aussi peu naturelles
C’est un crash pour le parti qui sortit la chouette hulotte de sa chasse
Voyons Oslo et Ushuaia qui sont des territoires que la terre oppose

9,13%

Le paternalisme agrégé du bégayeur est maintenant abrégé par les urnes
De l’impossibilité d’une phénoménologie du centre pour le cadavre palais
Le MoDem orangé ne sera pas le hub tant désiré des canaux de passage
Le port coincé par le blocus continental des histoires, le choix en couperet

11,10%

« Je ne suis qu’un plaisantin » aurait dit le gouailleur s’il fût sérieux sénateur
Aspotillant un mélange de culture éparse et de despotisme façon abracadabra
La joute molle du tribun face aux micros d’une autre dimension, hélas surannée,
Coincé entre les détermines d’un Front, autrefois populaire, aujourd’hui national

17,90%

27% de l’électorat féminin, plus de 22% en PACA et 24% chez les 24-35 ans
Pour les dévots du Moyen Âge, le diable reste invaginé dans la femme fourre-tout
Morbleu ! Que faire de ces électeurs bâillonnés puis lanternés par la doxa ?
Il reste un beau tour d’honneur avant l’enjeu massif des futures triangulaires

27,18%

Seule la figure présidentielle peut parler avec légitimité et sans galvaudage
Du grand rassemblement qui fait l’incantation oratoire de ces tristes pur-sangs
Avec la sécularisation des comportements libéraux, l’esprit vire à tribord toute
Choisissant dans le Capital, une dialectique des taux d'intérêt plutôt que le travail

28,63%

Le bloc des gauches s’érode à mesure que ses technodéfenseurs s’empâtent en pérorant
Une identification impossible entre les inscrits des luttes ouvrières et les parleurs maquillés
Alors que le premier tour n’aura strictement rien dévoilé si ce n’est une remise à plus tard
Le 22 avril rendu au 6 mai 2012 pour le ratissage de tous les pouvoirs dans une main par défaut

mardi 17 avril 2012

248. Un safari pour l’échafaud


Descendance
Fils de Philippe V d’Espagne et de Louis de France le Grand Dauphin, pas même un bâtard,
Il ne fera pas mieux qu’un autre roi juste bon serrurier et un impuissant sylvestre
L’abattage des éléphants comme loisir de luxe valant au roi au moins l’abdication
Puis le passage sous le « rasoir national » pour œuvre de crimes contre l’humanité

Vacance
L’affaire est indépendante du contexte mais finit de lever à tue-tête Los Indignatos
Alors qu’en bon roi catholique, il pourrait se contenter de baiser ses putes à Marbella
Forniquer dans l’âge et les rivages, à l’abri des imprécations de l’opposition
Plutôt que de semer des corridas au Botswana à l’aide de ses gardes-chasse

Bionique
Les braconniers tirent sur la mégafaune de l’holocène pour en vendre les carcasses
Une excuse impayable pour cet usurpateur de l’ordre moral tombé de jeep, pour El Pais
Parce que le scandale n’est pas financier, mais humanitaire, deux fusils en V sur la photo
Se faisant greffer une hanche en plastique par un Dr Delajoux, nouveau Diafoirus
Ayant déjà du plomb dans l’aile, un genou artificiel et un tendon d’Achille en scotch

Hasard
Il avait déjà tué son frère à 18 ans, lors d’une bonne pioche, avec un pistolet du Caudillo
Insatiables têtes couronnées dont l’usure du pouvoir les ceint d’une couronne d’épines
Maintenant la chasse est ouverte à laquelle sont conviés socialistes et extrême-gauche
Pour tirer sur l’indignité qui siège au sommet d’un État encore une chasse-gardée

Ailleurs
Vendredi soir, ce roi a chuté de nos consciences alors qu’il était président honoraire du WWF
Un animal de trait ne se chasse pas, le dieu Ganesh non plus, par cet homme mal caparaçonné
Chutant de son trône alors qu’il portait son indignité à la gâchette et en bandoulière
Après le paiement d’un forfait dérisoire au Botswana, près de l’Okavango et du Sida

Défense
Il faut alors citer, pour une fois, B. Bardot, telle une prêtresse en dehors de la polémique
Juan Carlos posant devant un cadavre : « J’espère que cette chute vous remettra les idées en place
et que vous protégerez la biodiversité ailleurs que dans les colloques et les conventions »
Alors que fin avril s’ouvre un orphelinat pour éléphanteaux au Tchad, s’il en reste

Défense
Pour finir, les propos du roi, pas même un tyran ; à vrai dire, plus rien :
« Il faut faire preuve de rigueur, de sérieux et d’exemplarité »
« Le chômage des jeunes m’empêche de dormir »
Quelques mots polyphylétiques, toute ressemblance fortuite à de la sincérité

samedi 7 avril 2012

247. Whitney


Wanna Dance

Pour un gramme de coke, combien de plaisirs avortés
Eighties forever, un synthé hardcore, brushing pour le clip
Lorsque la dance avait encore le sens de la disco, et l’inverse
Une putasserie des temps modernes qui s’appelle le changement
                                                                                                                        

Bodyguard

La pop à son comble et le slow à son maximum
Le totem et l’incarnation de l’époque l’espace d’un clip
Le vibrato en idée fixe sur les paroles de chacun
Ce qu’on appelle une chanson et qui terrasse le poème

Nothing

Avec l’actualité, la mort en temps réel et l’épitaphe depuis un extrait
Le peuple sur le champ de bataille, décompté par la mort « qui étouffe le rire »
C’est un segment de l’histoire populaire qui vient de rentrer dans les livres
Quand la mémoire supplée à l’absence par le véhicule d’une vidéo en boucle

Run to you

Rares sont les décennies du bonheur, plus nombreuses de l’intrigue
Une déesse populaire aux penchants infernaux, prisonnière de son âme
Car, sur des traces de misère, le vide se remplit
Par une forme d’extension qui est celle de la chute

Every Woman

Une jupe fendue suffit à écarter une herméneutique
Un décolleté et toute l’Histoire plonge de panique
Sur une scène d’Hollywood feuilleté de paillettes d’or
Où les divas s’incarnent par un visage mettant bas la citation

The man I need

L’histoire est banale jusque dans son ultime succès
Le culte de la Joie réalisé dans le plaisir de Narcisse
La Gloire dont la seule mesure est le terme du dernier souffle
Un registre unique pendu au dernier balcon gospel

Love of all

Une diva planétaire réalisa l’œcuménisme en robe de soirée
A capella, la voix entonne sa pentecôte avec amplification
La Beauté régnant dans l’écoute où s’était réfugié le pardon
Et plus encore lorsque la diction habite une parole

Moment in time

La misère côtoie l’extase toujours
Depuis le péché originel qui me fait t’aimer
Quand percent les pronoms personnels
Alors la musique s’est incarnée

jeudi 5 avril 2012

246. Vue depuis le Congo Kinshasa

10h45

Les forces armées congolaises ont levé le pied de guerre pour les brancards
Écrasé leurs mégots, fait tinter les verres, en face du Parlement limitrophe
Les Rangers en treillis de l’homme africain chaussant la garde républicaine
Alors que les décrets sont tirés par salve lors d’un coup de canon judiciaire

Dans un dépôt de munitions

Se côtoient les cités populeuses qui lorgnent par-dessus les barbelés édentés
Voulant saisir les crosses comme les Enragés aux Invalides un matin de 14 juillet
Ici le hasard suffit à tirer sur la corde pour faire descendre une hécatombe splendide
Le couvre-feu et la loi martiale établissant un périmètre de sécurité autour de la zone d’impact

À Brazzaville

Le merveilleux cratère de la démolition vint éclairer l’empire zéro de Sassou Nguesso
Lors de cinq explosions conjuguées par les poupées russes des ingénieries de l’armement
Un cratère de 500 mètres, les hommes passant la faucille puis se scotchant, engrais, à la terre
Le crâne sur l’asphalte, le dos vouté sous une onde de choc surfant sur le fleuve Congo

Dimanche 4 mars 2012

La ville jonche les immondices et les gravas reconstruits par une poudrière de béton
Les azimuts sans dessus dessous lorsqu’un obus fut transpercé par un père
L’ordre et la morale écrabouillés sur les viscères noirs de l’homme dépollué
La panique complètement débordée par les services de l’État encore à l’abri

282 morts – au minimum

Derrière une palissade en béton armée, les décombres improvisèrent leur cimetière
Les détonations répétées continuaient à faire pleurer les douilles toujours en alerte
Une épidémie de mises à feu pendant deux jours, un champ d’honneur sans assaut
Et les gosses jouant au ballon dribblant entre les cratères pour tirer sans but

2 300 blessés – à la louche

Le quartier Mpila a sauté sur place lors d’un jour chômé réveillé par l’artifice
Les lycéens absents de l’École de Trois Martyrs eurent leur vie sauvée par le calendrier
De toute façon, les diarrhéiques et les lépreux enseveliront les morts rendus à la vermine
Chut, il ne s’agissait que d’un petit « désagrément » juste digne d’un poisson d’avril

Court-circuit

Les dépôts du Régiment, du Génie et de l’Intendance se sont mis au diapason
Donnant le la consonantique lors de la messe rendue au même moment
Il sera inutile de couper les acacias, tranchés par une poudre de salpêtre
Six Chinois travaillèrent derrière les containers que les échafaudages dominent

Incendie

L’impôt du sang et le champart rendus à sa seigneurie, un an après le crash d’un Antonov
Alors qu’une série noire semble habiter le polar civil de Pointe-Noire et ses habitants
Les obus dégoupillés tombant comme la foudre depuis les grenouilles divines
Sur Brazzaville victime d’un tsunami sans eau, un trou au milieu de leur histoire

Puis le bouquet final

Des milliards de francs CFA ne connaissent pas le multiplicateur de la monnaie
Qui suppose quelques passes d’armes dans l’économie pour faire des petits
« Ne jamais accepter que les autres prennent l’exemple de vos déboires »
Les démineurs de l’ONU en vacances sur les lieux des rats au milieu du crime