Les cobayes de l’histoire prennent des nationalités d’ananas qu’on retrouve aux bords des Caraïbes
Utilisant lors de la guerre de Corée des Guatémaltèques enfermés dans les hospices psychiatriques
Cadenassés dans la mémoire longue des sanatoriums reconvertis en lieux saints de thalassothérapie
Quand les scientifiques de l’époque étaient descendants de Mengele de l’autre côté de l’Atlantique
Les véroles, les cloques et la mort furent étudiées à travers leurs symptômes les plus infirmes
Au stilligoutte des douleurs passant les barrières génétiques reliant le père au fils d’adénosine
Alors que le tréponème pâle découvert à Berlin par Schaudinn & Hoffman devint inoffensif
Quand aujourd’hui un simple traitement à l’extencilline suffit à prévenir les souches résistantes
Les morts sont légions dans les sarcophages qui parsèment la croûte terrestre de notre pétrole
On ne trouve pas cet or d’ébène sans sonder le terroir des carcasses et des charniers animaliers
Où cinquante milliards de dépouilles sont venues se nécroser dans le sol terminal des passions
Ce limon utilitariste des siècles où les hommes font les cobayes de leurs descendants mieux lotis
Des milliers de litres de sang et des rangées de moelle épinière furent prélevés des entrailles des condamnés
Arguant d’une utilisation sur des pauvres pour remplacer les symptômes évoqués par Schumann & Schubert
Alors que des soldats et quelques putains récupéraient quelques sols pour donner leurs viscères pathogènes
À une science industrielle qui marchait sur des problèmes éthiques qui font les gros titres de l’holocène
Les troupes de la paix euthanasièrent et stérilisèrent à la seringue des Amérindiens de l’Altiplano
L’infamie n’étant portée que par le jugement de l’Histoire toujours prompte à chercher des poux
Au sein d’une période chaude enturbannée par les féeries interglaciaires du réchauffement climatique
Cherchant à travers les biozones quelques insectes prisonniers de l’ambre qu’on scrute à la loupe
L’infection des neutrophiles par gonocoques appartient à la longue chaîne de notre mortalité
Mourant tantôt de la Grande Peste ou des massacres de l’Histoire ; la mort n’est pas si cruelle
Son incubation prenant l’intervalle d’une vie à l’échelle variable des espèces en zones éloignées
Quelques forages de dépeuplement permettant d’établir une chrono-stratigraphie du printemps
Les affaires étouffées finissent par éclater lors de l’ouverture des archives et du tunnel du Gothard
Quand les greffiers pointent leur truffe pour détacher les scellés oxydo-ferreux de la République
Alors que l’éthique mondiale n’a pas encore digéré les atrocités atrabilaires d’une rouille sylvestre
Oubliant la raison du plus fort taillée à la hache avant qu’elle ne l’eût remplacé par un maillet
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