1
Dans les bases arrière de Damas, la
région encerclée de Ghouta vibre sous les ondes platines des contrôleurs
Les hommes dans des bains de débris
rétroéclairés par le remix à trois voies des batailles acoustiques de l’histoire
Une pochette scannée comme une photo
à lampes dessiné par le DJ scratchant avec des missiles haut-de-gamme,
Quand les hommes accrochés sur les
balustrades écoutent les bass-reflex des bombardements qui dialoguent
2
Le gouvernement victime n’a plus qu’une
voix électrostatique face au condensateur Cubase des bourreaux
Commandés par l’émetteur à main des sténotypes
de Reuters crachant leurs articles journalistes en mode DMX
Les gaz chimiques, depuis un conteneur
anti-bruit, furent dévoilés sur la ville, émettant à travers les enceintes
Sous les percussions des mortiers, le
tintamarre, les morts rangés sur les porte-câbles de la morgue échantillonnée
3
Défoncée en son centre, Zamalka sur
trépied n’est plus qu’une ville-fantôme, un home studio, l’atelier du magog
Parce que les connecteurs des
missiles ont fait exploser tous les étages, un cône de lumière sur la rétine anti-pop
Les habitants éboulés par les
caméras occidentales n’ayant qu’une seule prise de son au moment du mixage
Les préamplis réglés à la verticale pour
capturer les crachats 1 000 Watts sortant des boomers de la
déflagration
4
La guerre dessine un nouveau design avec
des petites capsules qui deviennent des cratères pour le cadastre
Des overheads se substituant à l’âme syrienne parce qu’une guerre est
modélisée avec des soldats de plomb
Sous le décor atlantique d’une plage
de fréquence publicitaire, la vérité seule en large bande, au-delà d’epsilon
Une version officielle traînant sur
le bitume cardioïde, polarisant la ville sous le diaphragme d’un mensonge
5
Les familles n’ont d’armes que l’utérus
des femmes, Douma à demi tranchée, les toitures éventrées par les drones
Les matrices de contrôle enclenchant
le rupteur lorsque la vérité amplifiée du témoin assourdit les samples
Une évidence montée sur racks, relayée par quelques séquenceurs hérésiarques
qui composent en studio
L’ode funèbre d’un mort, broyé sur
les tables de mixage, déchiquetés par le couteau des woofers subsoniques
6
Les constructions en béton sont
exsanguinées, pelées par des coupes de côté, émiettées par les multi-effets
Les graviers réverbent lorsqu’ils tombent
après l’assaut, le mitrailleur planquée entre les parpaings mastiqués
La dépêche nomade sortant d’une conférence
de presse sous les larsens préamplis des fabriques du même
Un homme résidant dans le réticule
de visée, sa femme au bout des lèvres, la mort aux aguets d’un port réseau
7
L’histoire résumée à un compte rendu
quand l’horreur se synchronise avec les programmations d’une carte-mère
Le déjà-vu dans les jumelles des politiques
sérielles faisant croire aux balivernes midi du mouvement perpétuel
Une console d’arrière-chambre masterisant
des images clipées, numérisées par les scenarii des commutateurs
Les mortiers de la presse conduisant
le discours sur scène, le sang on/off déversant des virgules hémophiles
8
La stéréophonie publique/privée trône
sur une petite embase de granit qui jugule les Scythes et les Parthes
La fin des temps en Syrie, deux
millénaires après le temple de Salomon, l’Atlantide noyée par un supervolcan
Les haut-parleurs en bout de chaîne énonçant
un témoignage exogéologique sous des effets de loop et de scratch
Laissant à l’homme entropique voir
Dresde au milieu de Damas grâce à la dynamique d’une machine à brouillard