lundi 17 juin 2013

254. Les oasis syriens

1
Dans les bases arrière de Damas, la région encerclée de Ghouta vibre sous les ondes platines des contrôleurs
Les hommes dans des bains de débris rétroéclairés par le remix à trois voies des batailles acoustiques de l’histoire
Une pochette scannée comme une photo à lampes dessiné par le DJ scratchant avec des missiles haut-de-gamme,
Quand les hommes accrochés sur les balustrades écoutent les bass-reflex des bombardements qui dialoguent
2
Le gouvernement victime n’a plus qu’une voix électrostatique face au condensateur Cubase des bourreaux
Commandés par l’émetteur à main des sténotypes de Reuters crachant leurs articles journalistes en mode DMX
Les gaz chimiques, depuis un conteneur anti-bruit, furent dévoilés sur la ville, émettant à travers les enceintes
Sous les percussions des mortiers, le tintamarre, les morts rangés sur les porte-câbles de la morgue échantillonnée
3
Défoncée en son centre, Zamalka sur trépied n’est plus qu’une ville-fantôme, un home studio, l’atelier du magog
Parce que les connecteurs des missiles ont fait exploser tous les étages, un cône de lumière sur la rétine anti-pop
Les habitants éboulés par les caméras occidentales n’ayant qu’une seule prise de son au moment du mixage
Les préamplis réglés à la verticale pour capturer les crachats 1 000 Watts sortant des boomers de la déflagration
4
La guerre dessine un nouveau design avec des petites capsules qui deviennent des cratères pour le cadastre
Des overheads se substituant à l’âme syrienne parce qu’une guerre est modélisée avec des soldats de plomb
Sous le décor atlantique d’une plage de fréquence publicitaire, la vérité seule en large bande, au-delà d’epsilon
Une version officielle traînant sur le bitume cardioïde, polarisant la ville sous le diaphragme d’un mensonge
5
Les familles n’ont d’armes que l’utérus des femmes, Douma à demi tranchée, les toitures éventrées par les drones
Les matrices de contrôle enclenchant le rupteur lorsque la vérité amplifiée du témoin assourdit les samples
Une évidence montée sur racks, relayée par quelques séquenceurs hérésiarques  qui composent en studio
L’ode funèbre d’un mort, broyé sur les tables de mixage, déchiquetés par le couteau des woofers subsoniques
6
Les constructions en béton sont exsanguinées, pelées par des coupes de côté, émiettées par les multi-effets
Les graviers réverbent lorsqu’ils tombent après l’assaut, le mitrailleur planquée entre les parpaings mastiqués
La dépêche nomade sortant d’une conférence de presse sous les larsens préamplis des fabriques du même
Un homme résidant dans le réticule de visée, sa femme au bout des lèvres, la mort aux aguets d’un port réseau
7
L’histoire résumée à un compte rendu quand l’horreur se synchronise avec les programmations d’une carte-mère
Le déjà-vu dans les jumelles des politiques sérielles faisant croire aux balivernes midi du mouvement perpétuel
Une console d’arrière-chambre masterisant des images clipées, numérisées par les scenarii des commutateurs
Les mortiers de la presse conduisant le discours sur scène, le sang on/off déversant des virgules hémophiles
8
La stéréophonie publique/privée trône sur une petite embase de granit qui jugule les Scythes et les Parthes
La fin des temps en Syrie, deux millénaires après le temple de Salomon, l’Atlantide noyée par un supervolcan
Les haut-parleurs en bout de chaîne énonçant un témoignage exogéologique sous des effets de loop et de scratch

Laissant à l’homme entropique voir Dresde au milieu de Damas grâce à la dynamique d’une machine à brouillard

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