lundi 11 avril 2011

70. Feuilles de coca en guise de café-clope


À peine habillés par les guenilles de leur servitude, Équatoriens & Boliviens mâchouillent aux heures creuses
Leur faciès basané par des journées passées sous les ultraviolets rapeux des déserts où les poubelles s’égarent
Fouillant les derniers détritus du monde qu’ils concourent à empoussiérer comme les terrils mammaires du nord
Plus personne ne chique parce que les modes passent à la lueur des montres à gousset en dehors du cadran


En dehors de la mine, près du Huyana Potosi, les mineurs dont les rides sont salés par les cristaux du vent
Ricanent en chiquant sous la dent un opiacé dont la molécule arrose les sucs gastriques sous une feuille verte
Parce que la consommation de cette plante Véronèse remonte aux 4 000 ans d’une datation inca au carbone 14
Les Espagnols prenant le relais avant la découverte d’un alcaloïde en 1859 dans un laboratoire de Göttingen


L’opium du peuple l’était au sens propre pour supporter le travail des mines excavées jusqu’à 3 500 mètres
Le chevalement ouvrant sur les puits souterrains qui construisaient de véritables labyrinthes en sous-cutané
La peau de l’écorce terrestre piquée par les aiguilles d’une gigantomachie du forage reliant les travers-bancs
Les galeries de circulation cheminant entre les panneaux de minerai avant le concassement de la matière


Alors que les molaires ruminent douze heures par jours 20 ou 50 grammes arrachées des érythroxylacées
Les molécules de papaïne et de globuline creusent en front de taille les intestins qui s’affaissent sous l’effort
Puis l’ecgonine revitalise les muscles avant sa transformation en chlorhydrate par les narcotrafiquants
Utilisant les skips de passage pour ramener le billet vert contre de la poudre blanche distillée de la terre


L’addiction à la plante de coca est identique à celle de la caféine que les cols blancs sirotent en digestif
Le rite du repas marbré dans un lac de divination alors que l’homme corvéable se nourrit de vitamines
Contenus dans des feuilles qui accélèrent les cadences des ouvriers marquant au pointeur leur levée
Les plus courageux œuvrant en aveugle et en silence dans le puisard armé d’un piolet et de leur médecine


Les mineurs de l’Altiplano représentaient la dernière garde marxiste donnant à l’élan syndical sa puissance
Mis au chômage puis reconvertis dans le trafic de drogue pour donner à la coca un second souffle qui l’épuisa
Dans des organismes libérant psychologiquement la foudre pharmacologique d’un stimulant rendu légal
Par des producteurs de travers, prolongeant la formule de Niemann et Lossen, vers un anesthésique local

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