mercredi 29 juin 2011

131. Marché mondial des écolabels


Traînent sur une journée de pirogue les aventures moites du monde aborigène
Perchées sur les pagnes de l’Amazonie que tissent les lianes derrière les volets
Une multinationale rendue au développement durable cherchant le concours
Des Indiens Yawanawás cultivant leurs peintures sur un pigment rougeâtre


Les corps prennent l’apparence du canevas que détériorent les pluies acides
Un tas de rocous ensemencé dans les huttes de paille que dessèche l’Histoire
Peinturlurée par des rouges à lèvres et des autobronzants qui font le sommaire
D’une jaunisse morale qui subtilise le produit agricole contre un concours financier


Un écolabel logorrhéique déposé sur des terres en perdition que labourent les tubes
Que les silicones cherchent sur la platine des présentoirs souriant d’un regard facing
Alors qu’un programme enfantin choisi par les administrateurs d’une filiale d’Estée Lauder
Récupère les dividendes d’une culture du chou servant aux fumigènes des peuplades mortes


Les huiles de noix brésiliennes sont cultivées par les Indiens Kayapos clients du Body Shop
Autrement assorties dans un parfum sorbet Rainforest Crunch servi dans un pot Ben & Jerry’s
Que commercialise le génie marketing par-delà les artefacts neuronaux des résistances passives
Donnant leur voix d’acupuncture aux commerces équitables des noix concassées du cacaoyer


Les gosses se ramassent à la machette pour récupérer la dîme qui tombe d’un pays tapissé
De graines séchées que les observateurs d’ONG dénombrent par des coopératives agricoles
Rainforest Alliance et Fairtrade Labelling accompagnant un marché certifié de 56 milliards
Alors que les ventes mondiales de produits équitables s’établissent à 3,5 milliards de dollars


Les santalacées servent aux aromathérapies et aux parfumeries, relais des opioïdes saloons
Le business plan des familles branchées achetant les boniments des apothicaires rajeunis
Par une fleur de sureau décapée par un élixir cherchant à emboutir un chromosome entortillé
Fécondé par une enzyme de télomérase qui assure une jeunesse éternelle aux anthropologues


Les ingrédients naturels du jujuba entrèrent dans la composition d’une partouze chimique
L’idée vint à Horst Rechelbacher en 1993 alors qu’il vomissait son breuvage d’ayahuasca
Aux confins hallucinogènes du temps quand naquit cette sentence d’eurêka au milieu des pins
Depuis les moisissures lessivent les dernières graines polygames des rocouyers qui divisent les clans 

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