lundi 19 septembre 2011

181. Bicyclette et tricycle pour fuir une reprise des crues



Les camps sont improvisés au milieu de taudis qui servent de caravanes
Un logis entre deux lattes de bois rongé pour une famille de dix personnes
Quand les déplacés fuient devant les inondations des affluents de l’Indus
Démultipliés par le risque sismique dans la province australe du Sing

Les brèches ont ouvert les digues et les canaux émergèrent rigoles sur la terre
Après les inondations de l’été 2010, 3 000 morts et $45 milliards de dégâts
Les habitants se retrouvant dans la puanteur entassée par les latrines à ciel ouvert
De véritables charniers de microbes où prolifèrent des eucaryotes dans la tourbe

A l’heure estivale où les paysans doivent ensemencer leur terre de la mer d’Oman
Les réfugiés vivent de l’aide humanitaire descendue des gros porteurs contre un chèque
Une bonne conscience aidée par une remise fiscale plafonnée aux deux tiers
Les nouveaux bordels créant une périphérie hétéroclite sur les bords de Karachi

Ils s’entassent dans une termitière à l’horizontal pour fuir la dîme des propriétaires
Et l’appel de fonds d’un sac de maïs mesuré à plusieurs coudées lacrymogènes
Un million de réfugiés hari quittant la terre des zamindar vers des agoras désertiques
Laissant les semences et les fertilisants humecter les tas impropres d’une ville fantôme

Juché au sommet d’une digue, un chef de village jauge de la hauteur des eaux
Qui gonflent sous l’effet de l’Indus servant de réseau artério-veineux au Pakistan
Prenant sa source dans le massif du Karakoram où les glaciers font couler des jugulaires
À partir de 135 glaciers où s’aventurent les alpinistes pistaches lors d’une chute de sérac

Des laves torrentielles ont fondu sur les contrebas où se répète l’histoire
Des coulées de boue déposant des pellicules limoneuses riches en nutriment
Où paissent des yacks et des caprins à côté des cotonneries où les bras manquent
Une dame piquant à la main sa broderie, après la perte d’une machine Singer automatique

L’histoire tout-terrain fond sur des territoires qu’ignorent les régiments de la dette
La classe corrompu zamindar reproduisant au pouvoir et organisant un assassinat de 2007
Pendant qu’un tribalisme taliban, à l’étude, attend une réforme agraire impossible
Une pêche au vote au moyen d’une balle perdue à l’origine d’un deuil continuel

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