dimanche 16 octobre 2011

198. L’ethnographie du martyr


1
Dans les campements de Tyr, les passants se remémorent un arrière-grand-père décédé en 1914
La pureté est un état d’intention libérant la conscience de ses attaches au profit d’une violence
La cause palestinienne forgeant le sentiment de la Résistance dans une circularité de la douleur
Au-delà des cultures fourragères nourrissant des hommes de trop, tempérés par l’esprit sédentaire
2
Les pleurésies vives de la douleur contribuent à forger le sentiment d’une existence non ataraxique
Un ulcère génuflecteur arraché au pied de biche, cautérisé par les charbons ardents d’une pleine lune
Quand les distributions de la vie et de la mort entachent les fantômes et les cadenassent sur un lieu
Une contextualisation politique servant une conceptualisation de la pulsion harnachée d’explosifs
3
Les temps grammaticaux de la haine appartiennent à des modes dévolutifs de la passion immergeante
Les figures d’al-shahada monologuant en conférences sibyllines d’une reproduction de Kâlî à l’identique
L’étude politologue de R.A. Pape compilant entre 1980 et 2003 315 attaques suicidaires et 462 kamikazes
La modestie du genre bégayant au moyen des écholalies de l’espèce sortant d’un utérus hypnotique
4
Les martyrs appartiennent à une linguistique héritée des hauts témoignages des empires transcroisés
La dimension défensive du martyr chrétien subissant la flagellation tombale contre l’offensive
La décapitation d’Hussain de Karbala enracinant une martyrologie chiite auprès des offensés
Un rappel au canon encré d’une poudre de sang exposé par le calife au-devant d’une minorité
5
La violence expose un « recueil du passé » et fabrique un « espace historique » où s’enracinent
Les perceptions de la confrontation avec une continuité multiforme et multigénératrice
« Les membres de l’espace historique de la violence n’ont pas la même compréhension
De la factualité désenchantée qui définit l’arène de l’Histoire » (Sylvain Perdigon)
6
Les hypostases de la non-violence, apparentées aux devises républicaines, maintiennent à distance
« Une transgression imaginaire de la frontière entre l’humain et l’inhumain » qui surgit au cliquet
Cette opinion irradiante dirigée par les concepts dont elle dispose pour établir une historicité
De la douleur et sa limitation à un refus pour l’articuler dans une langue hyper moderne
7
« Les expressions de la souffrance du corps résistent au clivage entre signifiant et signifié
Dont dépendent les théories sémantico-référentielles de la production autonome du sens » (S. P.)
Les index programmatiques de la douleur génèrent une définition d’une myriade de contextes
Le présage produisant leur présence puis leur réalité vis-à-vis des shahid collatéraux
8
Avant l’annulation de toute rhétorique dans la tranchée des no man’s land
Où disparaissent les corps qui gravent leur nom sur une stèle de marbre
L’Homme forcé de conduire les diatribes de l’ascétisme ou de la torture
Au-devant d’un enfantement de l’espèce qui conjugue la beauté à l’horreur
9
Le détachement martyr de la douleur de son expression dialectique vers un pôle horrifique
De la non-violence engage la temporalité vers un unique présent où s’immerge l’abîme
Parce que l’odyssée de la tyrannie est celle du pathos circulant en vrille dans le canon
Parsemant de balles les virgules d’un texte qui ne s’essouffle, encordé par le témoignage
10
Les vanités de la reconnaissance s’opposent à l’orgueil qui fait front sur un cône de flamme
Un certain sens de l’extase lors de l’expansion du suicide noyé dans une solution de nitrate
Les routes démembrées de la soie momifiées dans un advenir de la violence en floraison
Puis [le transfert du sujet suicidaire vers une ethnologie et un logos du destin], M. Foucault
11
L’historicité est caractérisée par la « vitesse croissante avec laquelle le futur nous approche » (T. Asad)
Établissant une Formation du séculaire au moyen d’une dilatation ou d’une rétractation du temps,
Ces composantes amenant à une scission d’avec les héritages contractées par une généalogie (T.A.)
L’abordage du Temps, depuis le gréement de la temporalité, distinguant deux classes d’hommes

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