samedi 3 décembre 2011

226. Sur le revers de l’actualité, voyage en cargo


1
Rendez-vous est pris douze mois à l’avance auprès de la CMA-CGM qui délivre ses conteneurs
À tous les ports mondiaux, de Rotterdam à Shenzhen en passant par les Caraïbes et Punta Arenas
Alors que les règles du voyage sont soumises aux contraintes et horaires de la Marine marchande
Les escales sur des ports de bruine servant à mettre pied à terre sur les soutes déformées de la coque
2
Au-delà de la croisière et rythmée par le mal de mer sous les coffres-forts des mers à plusieurs tonnes
Les porte-conteneurs, les vraquiers et les pétroliers sont les nouveaux cachalots des mers
Qui brisent les flots par l’étrave en poussant la houle contre elle-même pour fendre le sillon
Un cargo motorisé à 90tr/min par un arbre de trente mètres liquidant 240 tonnes de fioul
3
Un monde de tranquillité à bord d’un bateau de dozue étages, chargés et déchargés par grue
L’homme en fourmi entre les passerelles et les cargaisons des premières routes commerciales
Sur les traces de Mayflower, sillonner à travers le canal de Panama pour rejoindre la Polynésie
Les remorqueurs taillent la route et le géant des mers sort de ses écluses, filant à 20 nœuds
4
Le transbordement et l’intermodalité sont les maître-mots d’un super-voyage organisé pour 84 jours
En dehors des sentiers battus par les croiseurs, le Rigoletto, le Fidelio, le Matisse, Médée et Norma
Un tour du monde de Magellan ou une tournée asiatique passant par Gibraltar, Suez et Singapour
Le monde des docks et du gigantisme sur une étendue bleue sans roulis rattrapant la cyan Thalassa
5
De Malte à Rotterdam, les routes ne s’épuisent jamais, du luxe en cabine et le ponton pour vaquer
L’esprit jonglant de la proue à la poupe entre les boîtes harnachées par les huit pièces de coin
Valdinguent dans le port et dansent une valse les longerons qui se superposent au millimètre
Un travail robotique assuré par une salle des machines remontant les chaînes depuis l’écubier
6
La cale à conteneurs contient les frigorifiques et les matières dangereuses qui portent leurs visas
Des marchandises à livraison rapide, un véritable ballet en haute mer nourri aux volutes de diésel
Des craquements dans l’air correspondant aux chocs frontaux et au pliage de la coque sous le poids
Les parois latérales creusées par l’effort où s’entassent les kilomètres cubes du commerce mondial
7
La Compagnie des Indes voguait de ses galions vers le grand large harponné par les grues à flèches
Plusieurs presqu’îles faisant une bandelette où se spécialisent les manutentions du port et du report
Les bateaux passant selon un ordre défini devant les silos à forte capacité ou devant le terminal de vrac
Les portiques de chargement et les poutres en porte-à-faux au-devant du hangar de transit où affleure
8
Le cargo ne tangue jamais, pas de tango, il brise les flots sans emprise et revient aux quais d’amarrage
Ce chalut à jauge brute géante rangé près d’une gare maritime, l’existence logée à bord des conteneurs
Des matières anonymes passant de l’aval à l’amont comme le vraquier dans son sas pendant l’écoulement
Les timoniers s’agitant sur l’autre monde du périple mu par la volonté du désert où s’essouffle le temps
9
La route change de cap en fonction des contraintes de pesée et des taux de change en porte-à-porte
Les ports se succèdent et le maillage se réduit, les navires s’approchant coque contre coque des EVP
Loin des côtes, les escales se réduisent, l’homme lessivé par les embruns qui brunissent l’expérience
La cargaison multicolore lessivé de fatigue, sautillent alors 3 500 porte-conteneurs empilés en pontée

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire