jeudi 13 janvier 2011

13. Carnet de route au Yémen

Un pédoncule mâchouillé transfère à la joue le jus psychotrope d’une mauvaise substance
Dans un camp de fortune jonchant le plancher de ses détritus que les Occidentaux maculent
Tâches jaunâtres de saumure chrétienne sur un lit d’extrême-Orient où les cadavres flottent
Au sud du sultanat d’Oman où la terre s’ouvre aux autres prophéties du droit romain canon

Les prières de cinq jours servent tous les prétextes de l’absence quand les corps se détournent
Portant dans leur dos la codification salace d’une grammaire arabe gisant dans l’argot de province
D’un prophète identifié à Dieu qui existe parce qu’il s’incarne dans le verbe qui consonne l’esprit
La grâce des langues déliées sur les autoroutes de jadis où le temps prête son flanc aux pillages

Une prise d’amphétamines fait courir le songe anxiolytique d’une prière arabisante à cœur ouvert
Au milieu de ces conjonctivites purulentes de l’esprit qui évident leurs joies grosses du pathos
Les oulémas codifiant pour leurs petits-fils la Torah obligatoire en chiquant le qat yéménite
Quand les réfugiés de la corne africaine passent pour récupérer quelques pennies de pétrodollars

Ces gouttes de charité qui tombent des méga geysers d’à côté que les occidentaux tarifient
Injectés par les gerçures de l’opium au cours final qui défient l’Opep à son point culminant
Les crotales s’enroulent autour des cactus et les dromadaires passent dans les oueds de boue
Des caravansérails de sacs plastiques ruminant les poubelles que les oasis rendent réelles

Des lopins de poussières se déversent sur les bassins versants de nos stationnements associatifs
Suffoquant dans une chaleur embaumée de 40° en dehors des tentes réfrigérées au narguilé
Quand l’homme sort au jour renifler la sécheresse qui pénètre dans des poumons en apnée
Au milieu d’une fournaise nappée de fatigues qui parsème ces baraquements de la soldatesque

Les indigènes marchent le pas lourd la barbe qui leur crochète l’esprit tombant sur un turban à l’air
Les femmes défilant en niqab sur un podium où les clichés pressent les courroies d’un vent solaire
Protégées dans un camp de réfugiés que les luttes multiconfessionnelles ont abandonnés ailleurs
Après l’islamisation politique décrétée par un régime marxiste faisant tourner la roue de l’Histoire

Sur ces terres arides d’une culture impossible et à l’hydrométrie au minimum l’ennui en seule solution
Consistant à parcourir un camp de bédouins en marchant sur la tradition nomade des Saouds locaux
À répudier une femme en silence pour engrosser la nouvelle dans une limite traditionnelle de quatre
Le sheikh local plus qu’un roi un quasi démiurge brandissant la procréation menaçante du jambiya

Issus des Zayidites les partisans d’Abdul-Malik al-Houthi ont réprimé la force de l’Armée yéménite
Depuis Sa’dah aux barrières de l’Arabie où nul n’espère mettre fin aux exils qui façonne l’être nomade
Au sommet du mont Razzeh ou à la pointe des mitrailleurs du Hezbollah les pâtures jaunissent d’attente
Devant les maisons de chaux en pisé et de torchis qui s’effritent sous le sifflement de l’histoire événementielle

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