vendredi 14 janvier 2011

14. D’une histoire de France

L’homme suit l’histoire à cheval d’une France pressant son lait à ses pages et ses scribes
L’expansion celte verdoyante sur les plaines du sixième siècle amniotique avant Jésus
De grandes flèches rouges traversant le Centre jusqu’à s’étendre par-delà les Pyrénées
Trouvant à Massalia ou Lugdunum les lieux capitaux d’un premier comptoir où l’on festoie

La guerre des Gaules parsème les derniers cris du consul Caesar victorieux à Gergovia et Alesia
Rattachant une future Francie occidentale à l’Empire romain entré dans le fût de sa fermentation
Les Mérovingiens de Clovis prêtant le serment catholique à un empire gnostique qui brise le sceau
Libérant les cultes païens par d’autres idolâtries bibliques qui prennent l’encre dodécaèdre des apôtres

Depuis le néolithique les tribus franques germaniques barbares ou païennes fuient vers les rivages
Sous l’impulsion d’une Babylone qui ne cesse de s’étendre sous le fléau d’une conquête de l’ouest
Trouvant les terres plus fertiles de son croissant matinal qui réveille les chaumières à l’aube du muézin
Soisson, Vouillé, Tours et Poitiers consolidant sur leurs cimetières un royaume unifié d’un cristal de sang

Puis le découpage triplice d’un royaume franc une Lotharingie en son milieu d’où les frontières
Coulant des bassins rhénan et rhodanien où fermenteront les alcools italiens et allemands
Après l’annexion du royaume des Burgondes à la bataille d’Autun en 532 où gonfle l’espace
Les chevaliers cloutés de fer paraissant sur leurs destriers d’une époque que l’on imaginaire

La couronne coiffant son roi prend l’allure d’une vassalité annexée aux ires féodales des duchés
Comtés et évêchés écrémant les terres sous l’ordre des suzerains collecteurs dominici de l’impôt
Quand le sang se mêle de l’affaire dans les soubresauts incestueux des partages d’empire à la sœur
La dot d’Aliénor d’Aquitaine comprenant le sud girondin rendu sous le couvert d’un mari infidèle

Les Plantagenêt sous ducs de Normandie établissant leurs bohèmes dans la cité d’Anjou
Avant les défaites de la guerre de Cent Ans qui verront l’unification de la couronne française
Dans le bain de sang des lépreux qui crachèrent devant l’envahisseur horrifié de cloques
Crécy & Azincourt ne suffiront pas devant l’épopée de Jeanne d’Arc rendue à son bûcher

Malgré la guerre civile entre Bourguignons et Armagnacs le pays construira ses châteaux de la Loire
Sur les rives cochères de passage où les lupanars réglés aux brosses renaissances se briquetteront
Entre les dorures en marqueterie et les croquis de Jean Fouquet peignant nos rois qui sont nos dieux
Vauban consolidant l’acquis militaire derrière les murailles du Roussillon, d’Artois ou de Franche-Comté

Les topologies de nos crânes font le relief de nos démographies brassées dans leurs lits de mort
Ces lieux où les royautés établissent leurs annexes au moyen de traités aux liserés diplomatiques
Avant la secousse des États-généraux de Versailles qui décapitent la royauté par effet boule de neige
Un effet d’hystérèse au sein de l’Histoire fabriquant dans les forges le chaînon manquant de la République

On entend encore Dumouriez le traître et Kellermann réfugié lutter à Fleurus et Wattignies
Danton parti éclaireur demander un bilan de forces dans les Flandres où se laboure la terre
Et Montesquiou à Genève pendant que la contre-révolution développe les contre-Lumières
Dans les poches de résistance active qui fleurissent avec le soutien réserviste du Clergé assermenté

Le reste est bien connu de nos petites têtes blondes qui rêvassent en apprenant par cœur
Les chronologies royales héritées de la succession romaine dans un goutte-à-goutte des rois
Succédant à leurs pères, l’ouïe populaire rompue par les trouble-fêtes des femmes brehaignes
Ayant l’espoir séditieux de refaire l’Opération Torch et le Débarquement après Mers-el-kébir

Toutes les pages historiennes abondent dans le même sens de l’historiographie victorieuse
Les luttes intercivilisationnelles changeant la donne des lectures dédoublées sur le revers
« La civilisation est la plus longue des histoires » qui déroule le pan unique de l’Occident
Braudel complétant avec l’histoire immobile la géographie économique de la Blache

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