dimanche 6 février 2011

36. Broderie en Méditerranée

Dans le grand panel des déjà-vus, on relève les quantités négatives de la multitude des inconnus
Les gabions de terre laissent la place aux fascines des retranchements et des fortifications militaires
Dans une ère du globe qui s’achemine en suivant la course galérienne des dromadaires du désert
Leurs cousins chameliers faisant les cabris dans les alpages d’Arabie où sont perchées les cultures

L’Histoire des nations découle d’une démographie accidentée par une épidémie de typhus
Dans ces contrées néo céréalières découvrant l’olivier, la vinification et les transformats du blé
Pendant que les bergers s’occupent encore de la transhumance des grands brassages océaniques
En Campanie, on préfère les bombances d’un campanatico sur un lit d’oignons après le travail

Les espèces marines de la grande bleue se raréfient en raison de la pauvreté biologique du plancton
Les derniers chaluts déchargeant leurs filets gonflés de lieux dans les containers frigorifiés des docks
La fougue des hommes de Thétis opposant le harpon contre l’espadon lors d’une pêche au thon
À l’époque du frai où les baleiniers accostent en haute mer pour laisser choir les baleineaux sur la coque

L’écrivain vieil homme et la mer remonte des nasses et des palanques remplis de rougets et de turbots
C’est la fin de la lisière conductrice des côtes par l’ouverture d’une voie médiane en haute mer
Que le sphinx de Gizeh observe en vigie après l’envoi d’un pigeon voyageur aux colonnes d’Hercule
Les songes développant une odyssée marine dans le gobelet méditerranéen qu’on boit après le grog

Braudel rapporte le Prince Doria, il y a trois ports sûrs : « Carthagène, juin et juillet »
Pour les goélands dont les membrures et le bordé désossent les ravines de la mer
Les oiseaux regardant leurs confrères glisser dans une dynamique à deux dimensions
Axées par les coques à clin et le gouvernail d’étambot postérieurs aux trirèmes adriatiques

La déforestation des pins pour les chantiers navals a laissé la place à des arbustes odoriférants
Les cultures absentes des plaines dont les bois sont élimés pour se coucher par les fonds sans coraux
Près des rivages de Chypre et de Sicile où l’on trouve encore noyées quelques gouttes d’obsidienne
Remontées par le souvenir d’un geste pêchant la nuit entre les montagnes de Mésopotamie

Et le sud du plateau anatolien où l’on entend le cri primal du sapiens sapiens nourris de blé et de seigle
Échangeant ses deniers de l’élevage contre des coquillages cauris servant de monnaie d’échange
Rapportés de la Mer Rouge et des Maldives ainsi que des turquoises du Sinaï et du silex de Syrie
Afin que les Cananéens pussent établir le privilège du préalable sur un territoire d’échange

On ramène du bois de sycomore, d’acacia et de cèdre pour la construction d’une batellerie
Assemblée, cloutée et vernie par des outres qui se frottent sur les contreplaqués du labeur
Au moment où les voies maritimes de quelques miles nautiques permettent d’unifier l’espace
Celui qui court depuis les berges de l’Euphrate jusqu’au bassin nubien perfusé par le Nil

Le conflit des civilisations fait basculer quatre millénaires dans la grande disparition des espèces
La fin du dorique coïncidant avec la fin du permien après la destruction de Mycènes et des Hittites
Ainsi que la Basse Époque vérolé par les conflits internes d’un polythéisme conflictuel mis à sac
Un jour de tremblement de terre qui emporte les bassins versants d’une Irak suspendue chez Hadès

L’homme allait remplacer dans une optique républicaine d’édification par la culture
Les écritures hiéroglyphiques et cunéiformes par des alphabets de linéaires B adoptés en Phénicie
Des plaques tectoniques de papyrus ou des stèles de marbre conservant tantôt l’Iliade ou Gilgamesh
Afin de tenir les livres comptables des commerces d’épices dans la direction du Levant au Ponant

Le déplacement de la Phénicie vers Carthage découpe en deux une triple méditerranée
Dont le puzzle culturel oppose une double Chrétienté à un Islam sous l’égide ottomane
Jouant les zigzags d’une histoire à contresens regardant en 1571 la bataille de Lépante
Dans le golfe de Corinthe après la prise de Constantinople en allers et retours du bâton

Avec Rome s’impose la culture du Latium et le latin d’un alphabet chalcidien importé de Grèce
L’Histoire cousue et recousue par les aiguilles de ses batailles tracées depuis une machine à piquer
Sur une étoffe dont les pans sont attachés par des fibules d’or cueillis des forges de Palestrina
Quand naît enfin la Rome actuelle en -754 av J.-C. modelée par la division du travail des Tarquins

L’écriture dispensera de la recherche des amphores et bas-reliefs radiodatés par l’à peu près
Quand les frontispices sont élimés par la fatigue d’un âge de fer qui l’emporte sur le bronze
Que Plutarque rédige sa vie de Romulus en opposition avec celle de Thésée fondateur d’Athènes
Après la fusion civilisationnelle entre Romains et Sabins participant au Congrès du Comitium

La Révolution Française est déjà à l’œuvre avec le renversement de la noblesse républicaine
Par un triumvirat d’Empire cherchant une victoire décisive en réformant les koulaks d’alors
Les marins saouls regardent la proue géopolitique glisser de la pax romana à la pax britannica
Étendue de Gibraltar à Chypre puis vers l’Indien sur un bleu boueux de nouvelles vapeurs

C’est alors que la lecture se referme sur quelques notes éparses
Obligation faite de laisser la strophe aux nouveaux développements
La poésie sabordée par le sac et ressac des courants corsaires
Au moment où finit le mot qui se dépose d’une plume

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