vendredi 22 avril 2011

79. La mort programmée des Pygmées


Coincés dans les forêts équatoriales du Cameroun, du Congo et de la Centrafrique
La taille des Pygmées s’est adaptée à un habitat boisé de lianes où chasse et cueillette
Font le quotidien des Akas dont le nombre se rétrécie avec les incisions de la forêt
Portant le javelot dans la chaleur moite qui inonde les vieux faunes de Shakespeare

Les phonèmes non consonants, sans labiales, font des chants d’oiseaux qui gloussent à cliquets
À travers le vibraphone de la rosée céleste qui couvre de son linceul le paludisme et le typhus
Qui marquent les rituels d’initiation à l’âge adulte des polygames aux dents élimés par la sueur
Un homme, Louis Sarno, quitta son New jersey au son endiablé d’une nouvelle polyphonie

L’étude de l’ADN mitochondrial montre une origine commune avec les Bantous qui les haïssent
Traitant leurs congénères des bois de pithécanthropes arriérés incapables d’articuler une diphtongue
Parlant en chœur sous les treillis de branchettes que les femmes ont tissées par la division des sexes
Coiffant un peigne à vibrations émettant un signal d’identification comme le rotor d’une symphonie

C’est après sa descente sur le tarmac de Bangui qu’il allait découvrir une acoustique perlant de cristal
Dans la profondeur naturelle des glottes de Négritos qui peuplent les dernières bordées sylvestres
Les rythmes des tambours accompagnant les contrepoints vocaux répétant avec joie une syllabe
Quelques similitudes avec les chants polyphoniques d’un moyen-âge contrôlant enfin ses sphincters

Un sol en terre battue et un lit en cannes de bambou font le nouveau terroir d’un expatrié
Que Dieu pardonne pour son abandon et le désintéressement puisqu’il livre deux enfants
À cette tribu métissée qui entend le son de la ville sur un transistor privé de modulation de fréquence
Quand le bruit des échappements offre à la musique concrète un autre timbre que le cours d’une rivière

Les marques & les scarifications répertorient le groupe ethnique d’une tribu qui domine la forêt
Les femmes lâchant le lest de leur hotte sur la poussière des lieux quand le soleil de 19 h s’affaisse
Après des jeux d’eau dans le marigot crasse où les feuilles de palmier font des luges et des splashs
Quelques lianes complétant l’arsenal d’une harpe à une corde passant un après-midi à s’accorder

L’ethnomusicologie est descendue en Afrique en entendant les criailleries de Good Morning Vietnam
Parce que l’angoisse encyclopédique cherche à collecter les superpositions et les exhausteurs d’exhaustif
Mailloches et xylophones donnent le la d’une polyrythmie au ton monocorde dans un univers de bois
Les points de jonction de la période couvrant les bandes des magnétostéréophones après un pressage CD

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