102. Sélection officielle

On monte les estrades en 1946 avec la bénédiction de la CGT assise aux premières loges

Sur la croisette où les ours marchent à grandes palmes pour se chauffer des meilleurs éclairages

Sous des spots phosphorescents qui éclairent les maquillages d’un non-lieu stroboscopique

Polarisant l’actualité quand les honneurs récompensent les carrières moins que les faits d’armes

La 64e édition rend un hommage au héros qu’on décore à bout de souffle comme soldat inconnu

Au sein d’un parti pris aux postures intellectualistes barbouillant les pellicules avec les erratas de l’ego

Que les femmes déculottées inventent en se peignant une couronne entre la Belle au bois et la putain

Qui zigzaguent sur les comptoirs d’une prairie de l’écran où les personnages ne travaillent jamais

L’auteur prend l’écrivain en exemple et le cinéaste ouvre la focale sur le metteur en scène désœuvré

Quand la figure du poète maudit constitue le refuge des intrigues sans sujet un jour de temps clair

Sifflotée par la clarinette d’un Woody reprenant avec Van Sant et Von Trier leurs litanies inchangées

D’un cinéma à la conquête de son public tirant par les bas de laines des scénarios qui n’inventent rien

La horde affiche toujours 100 minutes au compteur alors que les fesses professionnelles s’ankylosent

Celles des spectateurs grabataires attendant le spectacle de Transformers III sortis des studios de M. Bay

Quand, parfois, une philosophie d’anticipation s’empare d’un cinéma de science-fiction qui colore

Quelque chose du tittytainment de Brzezinski qui camoufle les ordures des déséquilibres mondiaux

Alors que les dialoguistes ont déserté les plages du scénario, les effets spéciaux viennent au secours

Des films moins importants que les acteurs qui confondent l’Art et la Vie en se mettant en spectacle

Ces actifs immatériels qui trimballent leur gloire en pendentif pour ajouter un reflet au consensus

Qui déplace les foules qui prennent part au mythe barthésien bordé d’une Méditerranée qui s’en fout

Les coudées hors compétition complètent un arsenal subventionné par les télés qui hésitent en série

À donner à la 3D les faveurs grand public d’une projection en double écran qui ennuie les batraciens

Plongés au chœur de leur ennui avec la satisfaction d’y être, quand l’ontologie est coordonnée,

Toutes les bandes-annonces donnant l’envie d’éviter ce dégoût en songeant à un âge d’or déjà trié

Pour la Quinzaine des réalisateurs, 4 000 films sont visionnées par le comité qui bâille aux corneilles

Laissant De Niro et M. Laurent présider une affiche qui fait peau de chagrin sur papier bible

Melancholia succèdera à Weesarethakul entre Naomi Campbell en Bikini et une soirée Chopard

Ne laissant de traces qu’aux photos oubliées et aux bénéficiaires VIP d’une montre à dix plaques