jeudi 26 mai 2011

108. Les maladies du siècle



Les sulfamides inhibent l’activité de l’anhydrase carbonique dans la grande masse liquide du plasma
Avant que les bactéries ne développent une série d’enzymes luttant contre les armées d’antibiotiques
Le corps humain livrant le flanc d’une bataille pour la santé publique à l’échelle de l’histoire vieillissante
Quand les staphylocoques meurent de fatigue dans les bronches de l’homme malade nommé Diafoirus


De nouveaux épisodes de dysenterie se propagent dans les pays africains qui meurent par dizaines
Des milliers d’enfants coupables livrés aux macrophages d’une bactérie entérocoque à Gram positif
Mais une fièvre hémorragique ou une épidémie de Leishmaniose ne suffit à réguler les démographies
Qui passent outre les épidémies de choléra ou de fièvre jaune répandues sur la Pangée pharmaceutique


Les survivances de la tuberculose écaillent la peau chez les populations pauvres du globe biface
Qui circulent en prenant un avion transcontinental ou un ferry reliant deux Amériques à cheval
Dans une pathocénose du vivant qui développe des maladies conjointes qui se lèchent les babines
Alors que les courtages fluviaux du XVIe siècle échangèrent la syphilis contre la variole et la grippe


Quand le Sida prend la relève imaginaire des maladies cardio-vasculaires et cancéreuses
Le virus surfant sur l’aiguille d’un toxicomane ou le long du dard d’une mouche tsé-tsé
Des pays sont ravagés par une maladie qui devient le ferment d’une identité au Botswana
Les trithérapies matin, midi et soir, quand le jour se lève sur les famines piquées d’orgueil


Les blennorragies et les syphilis ont cédé du terrain aux nouvelles pathologies de la sexualité
Quand les spermatozoïdes accompagnent les déclencheurs papillaires d’un rétrovirus affolé
Regardant dans la couche d’un singe, son confrère Ébola, diffusés tous deux aux heures de gloire
Un peu d’anthrax dans un colis suspect aux germes bactériologiques si cela ne suffisait pas


Les moustiques porteurs de la dengue ont chassé les culicomorphes inoffensifs pour porter une calamité
L’espoir de ne plus mourir véhiculé par Fleming s’est envolé avec l’universalité de la sélection naturelle
Qui s’applique aussi aux polymorphismes du fléau qui ravage les récoltes et relègue l’homme au tombeau
Alors que les ultramicrobactéries répondent aux cycles cosmiques pour reparaître avec les loups-garous


Heureusement, c’est l’homme métis du sud qui constitue le rempart clinique à la pandémie
Qui crève dans les eaux du Gange ou du Niger quand il nettoie les spores de ses tissus
Rinçant en dessous de l’Équateur les agents pathogènes d’une pharmacopée de contrefaçon
Alors que les effluves de gaz moutarde et les retombées radioactives multiplient les cloques


L’agent Orange et le napalm continuent le travail des morts posttransfusionnels de la colère des dieux
Amorçant la pompe à morphine d’une sérénade qui éteint dans le coma iatrogène un cerveau horizontal
Les médicamentations du drugstore ouvert 24/7 favorisant l’addiction permanente de l’encéphale plat
Phosvel ou phosgène malgré tout incapable de décimer un homme arrimé dur comme fer à son habitat
Ne faisant pas oublier cette loi postmoderne que les pauvretés précèdent la maladie, la mort et l’oubli

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