vendredi 3 juin 2011

115. Normes ISO d’une poématique



Tout poème procède d’une démolition qui vise à tuer Œdipe quand le stylo raye la surface
Laissant le gros œuvre bâtir la première strophe lors d’une annonce en guise de signalétique
Quand les mots décortiquent une syntaxe grâce aux raccordements sanitaires des métaphores
Tous les dictionnaires accumulant les gravas non triés des vocabulaires laissés pour compte


La construction du poème s’apparente à un chantier fait de maçonnerie depuis une dalle de béton
Recouvert par des espaces verticaux qui relient les informatiques au sein d’un réseau de signifiants
La câblerie du sens reliant des semi-conducteurs grammaticaux qui butent sur le vitré de la ponctuation
Quand le poème se prépare sur une table d’architecte qui convoque à la pelle les conducteurs de travaux


Le contremaître suit les ordres d’une lecture orthopédique pour cheviller les murs porteurs aux cloisons
Le verbe accompagne ses fioritures teintés murant des revêtements de sol par des appareillages lumineux
Apostrophant la réalité à partir d’une poématique prémâchée dans les vers rimbaldiens des faux-plafonds
Quelques litotes de placostyl s’ajoutant à du plâtre hydrofuge pour redorer le blason d’un poème du métier


Le lyrisme nécessite un métier qui s’enregistre auprès de corporations qui reçoivent les appels d’offre
Un texte vinyle coulant sur les nuques endormies par les habitudes du langage qui atrophient le sens
Une plaque de céramique offrant un isolant à la Beauté enfantée à la ligne où les faïences se fissurent
Après une projection d’infinie, le poète procède au ragréage d’un dessin industriel qui finit à la rime


Le percement du mur grâce à des mèches en titane offre une multitude d’aérations et d’évacuations
Sous les simulacres d’algarades textuelles qui n’en finissent pas d’accumuler les fausses prophéties
Soutenues par des linteaux clavés qui changent du roman au gothique une perspective de l’Histoire
Reliant deux époques par des tuyaux de cuivre dont les plombiers plantent le décor aux raccords bicônes


La pose de climatisation réversible en cassettes 600x600 avec moteur VRD et télécommande infrarouge
Fait du texte un élément mobile qui vise à bout touchant le ciel et la voûte recourbés par la détermination
Quand le poème fait jaillir le superbe d’un robinet chaud et la précision doctorale d’un mélangeur froid
Le circuit commandé par les télérupteurs d’une Néréide qui interdit la critique auprès d’une goutte d’œuvre


Le disjoncteur de ce texte est soumis aux plombs des nouvelles influences qui maquillent et peinturlurent
Des luminaires à haute résistance éclairés par un bombardement de neutrinos qui laissent leur trace massive
Sur le cortex natif du poète dont les spots lumineux de ses yeux imprimés sur la rétine transmettent l’image
Quand la dernière ligne offre un sas d’évacuation autant qu’une porte coupe-feu vers un escalier de secours


L’homme ne regarde plus les champs plats et les plinthes boisées qui finissent les travaux de menuiserie
Parce que le sentiment fait le refuge d’une poésie qui ne se conjugue qu’avec les délires éclos de Narcisse
Elle ne se contente d’une porte palière devant le chaos mais donne le mécanisme des butées et serrures
Sur la portée d’une clé de sol effaçant la peinture laquée lors d’une écriture en pleine tauromachie de l’extase


Le planning de réalisation du poème est contenu dans les secondes que dure la composition en chantier
Attendant les notations de la relecture qui déposent les finitions à la marge rectifiant les irrégularités
Le renouvellement de l’oxygène constituant l’enjeu majeur d’une forme poétique en pleine cavalcade
Lors d’un trop attelé qui rugit dans un champ de course où les fantômes incarnent les seuls adversaires

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire