mardi 14 juin 2011

124. Des papous dans la tête



Départ dans la grisaille de Roissy-Charles de Gaulle vers Jakarta en passant par les monticules du Qatar
Clic-clac à travers le hublot touriste qui montre des atolls reconstitués à partir d’une fournaise poussiéreuse  
Un transit aéroportuaire au milieu de moines bouddhistes passant incognito dans une faune laineuse de noirs
Avant d’atterrir dans un nouvel avion après six vols planifiés par une agence vendeuse de treks tropicaux


Avec 14 millions de roupies dans la poche, l’homme paye son apnée dans un lagon de raies mantas
Une décompression au bord de l’eau laissant les bulles monter à l’imagination qui nage en surplace
À travers la lumière polarisée que segmente en panorama un Polaroïd enclenché sur mode Rafale
Au milieu des convives en dehors des sentiers balistiques qui couvrent la faune des cochons papous


C’est un ponton du bout du monde qui s’accroche à une bandelette de terre désépaissie par la tornade
Un peu de barque en pleine lumière du jour qu’accrochent les pêcheurs piégeant le poisson grillé
Dès le matin qui plante ses crocs dans la chair épaisse dont les arêtes griffent les babines d’un chat
Un matin saturé de couleurs dans les herbes hautes des donjons horticoles peignés d’une teinte verte


Un ciel de cuivre descend sur l’horizon courbe d’un quart d’heure qui plonge sur les îlots du lointain
À Jayapura, on entend la colère des régies réfugiées de Koh-Lenta chassées par les marées pélagiques
Quand l’eau plante son plancton à la racine des mangroves qui bêchent pour cueillir les oligoéléments
Laissant à la contemplation les fonds marins par quinze mètres de profondeur où les requins s’alignent


L’extrême épaisseur nuageuse vient écraser les cimes lointaines où l’homme à bâtons entame son trek
Avant la redescente sur terrain volcanique auprès d’une tribu papoue sortie du National Geographic
Abrité par des maisons en bois construites sur pilotis incertains plus durs que l’acacia des viticultures
Laissant se deviner la composante aluminium au centre d’une photo léchant les reflets du lac Sentani


Les hommes sont coiffés d’un étui pénien qui révèle la puissance molle utilisant la longue-vue
Des sarbacanes tuant le cochon pour doter la famille de la mariée avant l’ultime rituel pré-marital
Ils prient les dieux du Puncak Jaya et du Puncak Trikora trônant sur une corniche à 4 884 mètres
Un total plus haut que le Mont Blanc que les alpinistes vont grimper pour épingler un sommet de plus


Avec un sourire naturel, les aborigènes vous accueillent comme un maharadja échappé des nuits
Votre traîne de porteurs donnant le parfum d’une liasse qui soudoie les gentillesses économiques
Une patate douce comme ultime récital de journée avant le départ et le retour urbain en Indonésie
Ce sentiment de regarder un peuple condamné par la déforestation qui lèche les sèves de caoutchouc


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