jeudi 25 août 2011

168. D’une autre image du désert



La paume du vent caresse les dunes des multiples ergs désertiques
Reniflant sur l’azur d’un côté les ombres lézardées par un glissement
Un monticule de 150 mètres d’altitude creusé entre deux oasis
Où les derniers berbères, couverts d’un chèche indigo, cheminent


Tripoli prend la forme bétonnée d’une banlieue osseuse d’horreurs
Qu’une architecture pétrolière hisse au milieu d’un espoir de verre
Un regard à géométrie variable toisant la Libye dans le concert des nations
Laissant 2 000 kilomètres de cotes vierges nourrir des espoirs touristes


Les nouvelles autoroutes de Berlusconi relient la Tripolitaine à la Cyrénaïque
Empruntées par les caravanes de 4x4 qui cherchent les ruines romaines
Dans les fourrées avec la granulométrie d’un grain de sable en granite
L’érosion de l’histoire oubliait l’embargo récent sur les importations libyennes


Les cargos se mélangeaient aux paquebots de croisière avant la remontée des flots
Capturant plusieurs fantômes avant de répartir le gâteau aux rebelles en débardeur
Trop aveugles pour protéger les faïences polychromes d’une médina silencieuse
Dans cet ancien comptoir cosmopolite de Carthage où les Arabes parlent l’esperanto


Le fait d’être en voyage commande un regard ahuri d’indolences à la chicha
Sous les coupoles invisibles qui couvrent les souks des providences démiurges
Le temps se déroulant à toute merveille entre les conurbations de l’écriture
La parole tamisée par le thermostat d’une vie oisive que conte un charmeur


Les colons du Milan AC sont présents entre plusieurs salves de kalachnikov
Incarnés dans les bustes découpés au hasard des plastrons du Musée de la Jamahiriya
La coupole d’un ciel bleu anodisant le regard au centre d’une pièce corrélée à l’histoire
La vieille ville rasée par ses murs crénelés d’érosion où descendent les fissures terriennes


La courbure de l’hôtel Corinthia fait face au front de mer réfléchi sur l’aube verte
Un bloc de béton empalmée par la vielle ville devant une quatre voies en plein galop
Les venelles logées en haut des promontoires en acier renforcé par les promoteurs
Les mégalopoles de la cote construites par le rafistolage et le mastic des opportuns

En sortant des cloaques du Bab al Bahr, prendre le bus vers le quartier de Gargaresh
Un peu d’histoire triste sous les tombes des cocotiers, ailleurs des mines antipersonnels,
La décision est prise de se diriger vers le Tadrart Akakus, suivant le Routard du principe
Chassant les djinns avec un filet à papillons pour emprisonner les fantômes d’un frisson


La chaleur de plomb émerge d’un ciel grisâtre qui ferraille les goudrons plantés
Par des minarets qui suspendent les lignes à haute tension effilochées par des bouts droits
Où l’on cueille les champignons d’un télescope géant sorti de terre, ocre ou azurée,
Une limonite à la brosse peignant le parcours d’un destin envoyagé par l’extase


Un complet désert bordé de buissons et de rocailles pour alimenter le texte
80 kilomètres au sud, découvrir un wadi isolé comme un refuge de montagne
Les troupeaux paissent en n’ayant vu qu’un berger maniant la longue-vue
Et des jeeps à fond de train, s’arrêtant pour la photo d’un mausolée dorique


Gharyan I et II, entre les refontes du domaine et le cadastre des ruines
Un ancien village berbère fondu dans les tapisseries homogènes de l’ocre
Où se dessinent les vrais contours du désert tranchés par un asphalte neuf
Où se collent les pneus déconfits en face d’un orangé de pomme vermeille

Ici, on pénètre par le premier checkpoint du Sahara
Mizdah bordé par un foulard de terre battue
Pire qu’un château cathare fouillé par un détecteur à métaux
Quelques travailleurs à l’araire bordés de sueurs
Les chameliers clignotant avec une espèce animale
Les dunes ressemblant à des nébuleuses sans pesanteur
Criblées par l’impact de micro bouches volcaniques
Le crépuscule qui vous rase l’horizon et vous brûle les yeux
Au firmament d’une journée épuisée par la sécheresse
Habitée par les dromadaires faisant les puisatiers
Les chameaux préférant se coucher dans les djebels
A la fin d’un compte rendu de voyage par 39°C
Une ligne droite à perte de vue fondue dans une
Direction de phosphore recouverte par des galets de magma
En direction d’un pan de roche où les peintures rupestres
Affichent leurs tags vieux de dix mille ans dans les grottes

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