samedi 5 novembre 2011

208. Le Transmongolien sur le qui-vive


1
Sorti d’Oulan-Bator avec une location de cheval pour un trek cavalier sur les traces de Mazeppa
Parcourir des steppes étanches à l’aridité sur des kilomètres de plaines arrimées aux caravansérails
À la rencontre des derniers habitants habillés de peaux de loups, chevauchant leurs montures noires
Ces fauconniers en troupeaux, revêtus de gantelets de cuir quand les bras sont les docks de l’aiglon
2
De l’aigle, les rémiges, ces plumes sont si larges qu’elles forment des écailles à la surface de sa voilure
Un crâne perçant surmonté d’une crête de cuir moyenâgeuse, cloutée, donnant au chasseur sa royauté
Une couronne de lauriers au sommet de l’Altaï que dirigent quelques équipées réchappées de l’Histoire
Entre la domination et la minorité raciale, les terres aplaties par le tarmac qu’Aero Mongolia dessert
3
Les éleveurs de troupeaux de chèvres et de moutons font les tontes de Cashmere pour les grossistes
Les réserves oubliées de Bayan-Ölgly laissant les Kazakhs dominer la pointe ouest d’un territoire vide
Établis sur les terres d’un vert lessivé par la fatigue des passages montés, bordés par une rivière où
Cheminent les vents frais qui transportent les courants océaniques où s’arriment les aigles royaux
4
L’animal pique dans une cuisse de lapin cru la nourriture de ses meilleurs jours et les viscères
D’un rouge carné s’offrent au festin d’un oiseau dépendant de son maître pour l’alimentation
Entre sauvagerie et domesticité, l’aigle de nos fantasmes, traqueur de proie, prédateur par jeu
Chevauche par meute à deux cents mètres d’altitude, un radar oculaire sur les plaines quadrillées
5
Un vol en piqué s’abat à 250 km/h sur le martyr d’un gibier ouvrant sa gueule contre des griffes
Alors qu’une vision des troupes du grand Khan reprend la route avec des chevaux de Przewalski
Couverts par leur pelage d’hiver, le poil moins court, ils vont au cirque des Panathénées annuelles
Les aigles endimanchés de fanfreluches de couleurs, oints de casaques traçant les cieux polychromes
6
Les yourtes ont hissé leur chapiteau pour les peuplades de la vallée, venues assister aux débats ailés
Un jeu de rôle par animaux interposés, une caravane de dromadaires, des mules, jonchés de tapies
Le fouet va fendre l’air battu par les rémiges primaires accrochées à une émargination du vol plané
L’animal glatit, aquila chrysaetos, lors du défilé trompette des participants à ce concours de dressage
7
L’agilité, sa vitesse angulaire, sa réponse aux ordres, puis l’atterrissage forcé sur le bras de son maître
Font les critères d’un concours murés par les cris des dresseurs qui exhortent leurs oiseaux à chasser
Une peau sautillante de renard ou de belette accrochée au crin d’un cheval servant de leurre et d’appas
Puis quelques mises en scène conjugales et une course de chameaux de Bactriane mordorés de costumes
8
Puis les archers tirent sur cible, une ceinture jaune qui cintre les costumes traditionnels des mongols
Fixes ou mobiles, la mire sur une peau de mouton plantée comme un épouvantail servant de girouette
Les festivités closes par la chose dite voyant une remise des diplômes pour les vainqueurs catégoriels
Sur un territoire de nos imaginaires, semi-désertique, laissé à l’aventure par une densité de 1,7 hab/km2

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