mardi 15 novembre 2011

215. Survol d’Éthiopie


1
Des couloirs parisiens aux soutes du RER, avant un embarquement sur Ethiopian Airlines
Un départ en pleine nuit sur un ciel de bromure, cartographié par les rayons des cartes mères
Un direct vers Addis-Abeba, -42°C par 10 668 mètres d’altitude, puis la redescente sur tarmac
L’envol puis la réexpédition au moyen d’un coucou vers l’aérodrome poussiéreux de Bekele
2
Les hôtels sont rares, $10 la nuit, des crèches en forme de hangars, arrosoir sur prise électrique
Une sortie la première nuit et l’arrivée vers le pool, 8 américain puis un direct vers le bar à putes
Où les chansonniers exagèrent, sanglotent devant leurs instruments à cordes, la musique à fond
Une bière locale dans le gosier, la mousse sur le rebord, le body language prend le relais
3
Les charrues et les convois défilent à bride abattue sur l’asphalte crispé par les porteurs de chair
La tour de la libération servant de point de repères entre les marchés où l’on dépèce les coqs
Aller-retour express avant la location d’un 4x4 et le départ en rallye sur routes de terre WRC
Terminus en bout de piste, random trek, bâtons et guides assoiffés attendant que le prêtre n’arrive
4
Un premier baptême et l’onction au sommet du roc où le Royaume a perché ses églises chrétiennes
Deux cent mètres de dénivelé où les pierres sont étagées pour ériger un promontoire couloir de rouille
Le Mont Abraham vêtu de son archevêché au 15e siècle, encerclé par des caniveaux de ruissèlement
Couvert de fresques lavasses d’une période Vinci, le toit relevé par une charpente et des fils électriques
5
L’érosion de la mémoire a creusé dans la roche de Wukro une crypte préchrétienne lacée de son linceul
Cent mètres de corde en rappel à Abuna Yemata Guh pour être Icare et friser l’Olympe par ses paumes
Les guides filmant avec sourire mon exploit du jour, la sueur lointaine, un parapet contre le précipice
Une vraie Pentecôte pour recevoir l’onction du trekker, son esprit à l’escalade couvert par la bénédiction
6
Les Jeeps s’embourbent dans les moindres flaques du désert triste, les cactus ouverts en leur cœur
Une chair de pastèque, une saveur morne, quelques kilocalories pour patienter jusqu’au soir de tedj
Tous les breuvages aussi dégueulasses qu’un arrière-goût noctambule au milieu des pourritures
Le lendemain de la Nouvelle Croix, après un tourista soignée de lassitude, des spasmes nocturnes
7
Au passage d’Aksoum, le postmoderne est aussi authentique que l’ancien, décalé dans le temps
Des obélisques érigés dans le sol, une église orthodoxe aux courbures d’un dessin industriel,
Départ pour Lalibella sur la place du marché aux bestiaux garnis d’ovins, l’hécatombe en vue
Des douves qui perforent l’architecture vieille de cinq siècles, tandis que rien n’a émergé depuis
8
Burj Dubai n’existe pas encore en Éthiopie où la liberté fait un simple couplet
L’arrivée comme Petra à travers un sentier rocheux tenu par des suspentes de bois
Quand l’homme s’engouffre dans ces meurtrières avec l’idée de déloger Toutankhamon
Un pèlerinage d’un seul homme jusqu’à l’aube de sa conscience que compose Mozart
9
La saison des pluies descend sur les hôtesses de Gondar quand passe le touriste
Une cascade perforant le relief à plus de 4 000 mètres où surfent les babouins
Sur une dimension crétacée du Mont Imet Gogo où l’homme est couvert de brume
Puis foutre le camp à tâtons vers le repère chauffé au feu de bois et se réaliser en dormant

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