mardi 22 février 2011

46. La ruine du marché automobile

Les capacités de surproduction rencontrent la saturation des marchés domestiques
Cramés sous le mazout volatile qui provient des pots d’échappement catalytiques
Amassés dans les sous-sols des parkings urbains qui creusent un escargot de la terre
Dans un gruyère bétonné qui accueille les plaques d’aluminium sous indice d’octane

71 millions de véhicules vendus en 2010, marchant aux idéalités de la contre-énergie
Préférant le délice pourléché des alternateurs branchés à l’inverse sur les bornes d’Autolib’
Aux vociférations éructées des moteurs thermiques cramant une seconde de silence monoxydé
Au passage des scooters deux temps vidant des gouttelettes d’huile au tournemain d’une poignée

17 millions de véhicules sont immatriculés dans une Chine en nouveau pays de Cocagne
Alors que les vieilles Buick de grand-père fonctionnent encore dans le sillage d’une DS
D’anciens collectionneurs retapant des Bugatti dans une flore métallique qui nait dans les casses
Les pièces détachées s’arrimant aux ventricules de la terre brûlant des  gouttes d’éthanol sirupeux

L’excès de véhicules et la structure surproductrice se confondent dans un kanban aux trois 8  
Adossant les gommes Michelin aux derniers étages de l’assemblage usiné en dernier recours
La production sur commande butant sur une multitude de véhicules acheminés par Gefco
Opel, Saab, Volvo et Fiat appartenant à des mains étrangères chaussées de gants de cuir

L’usine de Mirafiori transforme ses rotations en perforant le cadavre des ouvriers lévitiques
Alors que la Fiom sort du tour de table en contraignant 22 % de salariés au silence laborieux
Le maître-mot de la productivité appliqué au discours politique sur l’escabeau de la compétitivité
L’efficience, pourquoi pas, au lendemain du liseré post-populaire bandeau sur contrat de travail

L’intégration logistique des constructeurs ignorant la tendance structurelle des marchés
Devant une multiplication inflationniste des capacités de transport par air et par route
Quand les hommes suivent des yeux leur GPS indexé aux satellites géostationnaires
Cherchant les radars de la route la gueule rivée sur un tableau de bord climatisé de plastic

La construction automobile s’échoue sur des rivages où les carcasses de métal
Finissent comme certains tanks xérophytes qu’on voit dans les déserts africains
Laissés à l’abandon, leurs chenilles boulonnées aux sables chargés d’embruns
Les dépouilles militaires faisant les fondations où les dunes grossissent en ergs

Voilà l’avenir d’un secteur moribond contraint de fermer ses usines et de licencier
D’opérer une dissection du cadavre restructuré de General Motors & Ford en déconfiture
Maniant ses marques lors d’un solstice d’hiver vendu aux esprits d’un point subsolaire
L’autopsie révélant une hématopoïèse à l’absurde guidant les blindés par les fonds

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