lundi 6 juin 2011

117. Blessure superficielle d’Ali Abdallah Saleh


Alain Juppé considérait le départ du président yéménite comme incontournable
Alors que les pays du CCG se vautraient dans un statu quo pétro-géopolitique
Laissant crever de fatigue les opposants, rebelles houtistes et chefs de tribu
Collectant des fonds de misère à 2 000 mètres d’altitude qui logent la capitale


La jeunesse riposte par des sit-in sur la ligne crénelée Aden, Taez, Sanaa
Criaillant devant l’Université en levant des pancartes pour changer les planches
Une dissymétrie des moyens de combat obligeant les opposants au pacifisme
Alors qu’ils auraient pris les armes s’ils eussent une canonnière en leur possession


Les adversaires traditionnels au régime, comme le général Mohsen, attendent le moment
Parce que les colères noires du peuple fournissent le tremplin et une détonation à ressort
Qui fera l’amorce d’une entrée en scène théâtrale bénéficiant de l’appui des sous-qualifiés
Une salade composée d’intérêts nationaux faisant la tambouille d’une actualité du Golfe


Arc-bouté sur l’immunité diplomatique que l’Histoire accorde toujours aux tyrans
Que refusent les nouveaux canaux de distribution de la révolte manutentionnaire
Affichant des photomontages politiques, des chants érectiles et des veillées poétiques
Afin de multiplier les fronts de flamme dans l’esprit des fils républicains du régime


Un équilibre de la terreur s’est installé durant ces cinq mois de guerre froide
Depuis une fin janvier jusqu’aux 3 et 4 juin où A. A. Saleh et A. M. Mujawar
Furent blessés par les armes lourdes de l’artillerie du cheikh Sadek al-Ahmar
Le chef tribal subissant un assaut à la roquette dans sa résidence tranquille


Les morts débusqués par des tireurs planqués et des tirs de roquette font des louchées
De cinquante à soixante morts dans chaque mortier où les premières loges sont gratuites
Toutes les âmes mordant dans un morceau de l’Histoire au prix de quelques griffures
Alors que les femmes pleurent dans leur foyer en comptant les fils qui leur restent


Le Président Saleh fut brûlé au visage et par un éclat de shrapnel de 7,6 cm dans le cœur
Contraint de subir une chirurgie invasive en Arabie Saoudite où il fut exilé sur brancard
La fuite à Varennes du samedi 4 juin rendant les clés du royaume aux belligérants invisibles
Parce que les 33 ans du régime s’éteignent avec 5 mois de conflits qui soufflent les bougies


Dans la mosquée du Palais présidentiel, les chefs de l’exécutif priaient en complotant
Troublés dans leur torpeur par un tir de roquette à l’aveugle suivant un guidage radio
Dont la précision confine au bout touchant d’une tentative d’assassinat sur Marat
Mettant fin une deuxième fois à la guerre civile de 1994 qui réunifia le pays héréditaire 

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